MNEMOSIS – Les calligraphies de l’oubli

Thierry E Garnier

prix // 15 €


Portfolio (12 illustrations couleurs grand format)

 

« La civilisation moderne apparaît dans l’histoire comme une véritable anomalie : de toutes celles que nous connaissons, elle est la seule qui se soit développée dans un sens purement matériel, la seule aussi qui ne s’appuie sur aucun principe d’ordre supérieur. » (René Guénon)

 

Mnémosis, les calligraphies de l’oubli, propose en 12 tableaux grand format couleur (Numériks Paintings) de retracer une autopsie patente, celle de la décadence manifeste de la civilisation occidentale.

 

Textes et illustrations de Thierry E Garnier - (Texte anglais - Traduction de la préface Gil Alonso-Mier). - Postface de Michel Crozet.


50 pages


ISBN 2755100451


Voir aussi //

Article

 

Le site de Thierry E Garnier http://www.thierry-emmanuel-x2-garnier.com/



(extrait)


« L’aveugle de la nuit reprit à nouveau sa marche en avant, las. Son corps cousu étroit, comme un linceul de peau, abritait des pensées inconnues de lui et le vêtement de chair et d’os qui servait d’abri à son cœur, battant au gré des séditions, criait à l’imposture. Des lambeaux de rêves oubliés, réminiscences amères d’une époque révolue, unissaient maintenant la charogne de ses restes à l’enceinte sacrée de son âme. Ni remords ni regrets, juste la sensation intime d’une œuvre accomplie, pulvérulente de suie. Malgré la perte de son passeport divin, confié un temps puis reprit, qui eut pu lui permettre sous d’autres cieux, la mémoire en avant, de passer en franc-tireur les lignes ennemies avec un peu moins de souffrances, les cicatrices engendrées avaient en somme remplacé le prix à payer. Il avait nonobstant fini par accepter que tel était son destin de flammes, jusqu’à l’issue fatale qui laisserait de marbre le sacrificateur suprême. La bouche d’ombre lui avait pourtant prédit un jour, sous la voie lactée, qu’au déroulement ultime de son acte elle se tiendrait en retrait, silencieuse et sans bruit, comme pour ne pas effrayer l’homme-oiseau tapi dans les replis de son expiation.

 

Il n’était donc plus question de visiter les Enfers - pas cette fois. Mais le corps de la créature sans rails, orgueilleux et fier, frère d’entre les frères, père parmi les pères, pierre parmi les sources, nuage entre les montagnes, écho hâlé dans la nuit des hommes, ne se faisait plus et depuis longtemps d’illusions sur le devenir de sa race et par conséquent de sa personne même ; image décalée dont il entrebâillait parfois le soupirail de son âme pour en découvrir quelques résidus de traverses. Littératures usagées, croix de bois, composants radioactifs, déchets inavouables, ultimes vers d’un poète qu’il aurait voulu maudire. Ainsi allait en ce temps-là le quotidien de son pas, cheminement amer d’un être aux aguets. Ni lent ni pesant, un pas de juif errant, contagieux pour ainsi dire, un pas de misérable qui aurait sans aucun doute servi de modèle à quelques autres, des oubliés, des sans grades, des faméliques en quête de pitance. Bien sûr, nulle logique ne présidait vraiment à son acte quotidien de promenade, les circonvolutions malhabiles de son pas au cœur du labyrinthe de ronces, ennobli parfois de quelques carnations, ne permettait pas vraiment au pèlerin de l’impossible d’aboutir pour l’instant au but suprême de sa quête. En aurait-il seulement le temps ? Son parcours chaotique au centre de la Rose même, portait le deuil de ses maux. Le cadavre encore chaud, brimé, écartelé en croix, se trémoussait au même rythme que sa biographie improbable et racontait inexorablement au lecteur attentif, en quelques tableaux, ses figures de l’enfermement. Du soleil en capricorne. Une géographie de l’œuvre, pour ainsi dire, que rien ne pouvait restituer, autant l’avouer, seulement quelques images muettes, issues d’un demi siècle d’égarements. Pourtant, les (…). »


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